Quand l’oncle Sâad était encore vivant, et qu’il habitait Byrsa, nous étions trop petits, pour tout se rappeler de lui.
Quand l’oncle Sâad était encore vivant et qu’il jouait au violent, nous étions trop petits pour apprécier son jeu.
Quand les grands le suppliaient parfois de ne pas jouer, c’est que l’oncle Sâad, qui était encore vivant et habitait Byrsa, a confondu, comme il le faisait souvent, l’eau du puits avec l’eau de vie.
Quand l’oncle Sâad rencontrait les soldats de « leur Mère la F... », il les saluait tout bas avec ses mots barbares en dialectal « pouvez en jouer avec! ».
Quand l’oncle Sâad était encore vivant et qu’il habitait Byrsa, et que nous étions trop petits pour le supplier de jouer encore quand il confondait « leur Mère » avec le puits, aucune vache, avec cervelle d’insecte, n’aurait osée prétendre être « La Première Dame ».
Non pas parce que l’oncle Sâad, qui était encore vivant, connaissait la Première, mais parce que l’oncle Sâad, contrairement aux grands, ne confondait jamais la Première avec la dernièrE.